Un étudiant sourd de l’Insa de Blois en quête d’aide humaine
Publié le 07/07/2022 à 06:25 | Mis à jour le 07/07/2022 à 11:02
La langue française des signes est un appui important, y compris pour les malentendants qui vivent en inclusion.
© (Photo archives NR)
L’association Calm accompagne les Sourds et Malentendants. Comme cet étudiant de l’Insa qui a besoin d’une aide humaine pour suivre ses études.
La surdité est un handicap qui ne se voit pas. Mais qui est bien réel, l’association Calm (Communiquer Avec Les Mains) en sait quelque chose, elle qui s’occupe depuis 24 ans d’aider les Sourds et Malentendants du Loir-et-Cher et d’enseigner la langue des signes française. « Les enfants, les étudiants, les travailleurs et les retraités, tous ont besoin de pouvoir vivre correctement, sans avoir le stress que l’on ne s’occupe pas d’eux. Ce n’est pas simple, souvent la loi n’est pas respectée », explique la présidente, Brigitte Boudeaud.
Avec le Covid, l’enseignement de la LSF a perdu du terrain et côté Droits, la présidente relève que les associations « ne sont plus consultées en tant qu’expertes du handicap alors que nous pouvons apporter des solutions. » Pourtant les besoins sont de plus en plus importants à tout âge ; trois familles de malentendants venues de région parisienne se sont installées en Loir-et-Cher cette année.
C’est le cas également pour un étudiant qui a intégré l’Insa à Blois, après son bac en septembre dernier. Son père a fait appel à l’association Calm en mai, ne trouvant pas de solution. « Après le concours d’entrée qu’il a réussi, il a transmis sa fiche handicap et on lui a assuré que les aménagements nécessaires seraient mis en place à la rentrée. Il a choisi Blois parce que c’est un petit campus », explique le papa. En octobre dernier, le service médical de l’université de Tours le reçoit et un médecin dresse un certificat médical : il doit bénéficier d’un tiers-temps, de temps majorés et d’une aide humaine. Mais rien de tel n’a été entrepris et cette première année s’est soldée par un échec.
« On lui a proposé des boucles magnétiques et des installations techniques spéciales mais ce n’est pas adapté à sa surdité profonde. Mon fils lit sur les lèvres, avec le masque cela a été une catastrophe ! Il a besoin d’une aide au quotidien pour la prise de notes, pour la communication. On voudrait savoir maintenant que tout sera bien en place à la rentrée ! »
Trois ans de combat
Le jeune étudiant qui a appris à parler en français puis en anglais malgré sa surdité, attend une aide pour repartir sur de bonnes bases : « En maths, français et physique, je n’ai pas le temps de suivre l’oralisation et d’écrire. Mais je veux continuer… »
La présidente de l’association Calm compte, au-delà de ce combat pour trouver une aide bénéfique au cours de ses études universitaires et pouvoir étudier comme les autres, lui conseiller de reprendre des cours avec un orthophoniste, apprendre la langue des signes également. « Depuis ses 3 ans, c’est un combat », conclut son papa. Qui veut pourtant voir son fils réussir ses études d’ingénieur malgré son handicap.
Association Calm, permanence au bureau Calm, 28, rue des Écoles à Blois les lundis de 15 h à 17 h 30. Contact Brigitte Boudeaud 02.54.46.45.85. ou 06.72.02.21.26. et Myriam Bournon, 06.07.60.25.02. calm.blois@aliceadsl.fr ou www.calm-lsf.org
en savoir plus
Insa : « Nous ferons tout notre possible »
> « Notre établissement est très engagé et responsable vis-à-vis de tous ses étudiants et très attentif à l’accompagnement des étudiants en situation de handicap, c’est en adéquation avec les valeurs de l’Insa. » Le directeur de l’Insa Centre-Val de Loire, Yann Chamaillard, ne prend pas cette affaire à la légère. « Nos échanges avec le papa qui se trouve à l’étranger ont pris du temps, mais ils ont toujours existé. Nous n’avons jamais abandonné cet étudiant, nous sommes mis d’accord sur un achat de matériel. Nous lui avons proposé quand on a vu que les difficultés perduraient, de blanchir son année, pour qu’il recommence sur une base saine. »
> Le directeur explique découvrir que les besoins réels sont avant tout humains, mais ne désarme pas : « Je vais contacter notamment le service santé et nous ferons tout notre possible pour la rentrée. Il n’y a pas d’équivalent aux AVS dans l’enseignement supérieur. À la faculté, on peut salarier deux ou trois étudiants qui viennent en aide à la personne handicapée lorsqu’ils n’ont pas cours. En école d’ingénieur, tous les étudiants ont les mêmes emplois du temps très chargés. C’est complexe mais pas insoluble. »
> La présence de l’association Calm va certainement aider à trouver une solution adaptée et sur mesure, auprès d’une école qui dit clairement vouloir voir ce jeune étudiant sourd réussir.