Travailleurs handicapés : et pourquoi ne pas entreprendre

Loir-et-Cher : ils sont devenus entrepreneurs malgré le handicap

Publié le 23/11/2020 à 06:25 | Mis à jour le 23/11/2020 à 08:19

David Gabier, 26 ans, a créé sa micro-entreprise en 2017. Cette indépendance lui permet d’aménager son temps comme il le veut.
© Photo NR

« Handicap et entrepreneuriat, c’est possible ». C’est le message qu’a voulu faire passer le Lab d’Agglopolys avec l’exemple de trois chefs d’entreprise.

Christelle, David et Vincent ont osé franchir le cap de la création d’entreprise. Au quotidien, leur handicap les oblige à se dépasser tous les jours, à faire preuve de combativité, à l’image des entrepreneurs. A l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, le Lab d’Agglopolys a organisé, jeudi 19 novembre, une table ronde en visioconférence, au cours de laquelle ces trois chefs d’entreprise ont pu raconter leur parcours, expliquer leurs motivations et les difficultés rencontrées.
Pour concevoir ses propres collections, Christelle Moreau, 31 ans, bijoutière-joaillière, a choisi de créer son enseigne « La Bijouterie des rives de Loire ». Installée depuis deux ans, à Blois, elle s’épanouit complètement. Atteinte d’un œdème lymphatique primaire, elle n’imagine pas redevenir salariée. « J’ai ma manière de faire qui n’irait pas forcément ailleurs », reconnaît-elle. Plutôt discrète sur son handicap, la professionnelle n’a aucune envie qu’on vienne chez elle par pitié.
A la tête de la micro-entreprise Indy Wolf Studio, David Gabier, 26 ans, de Vineuil, ne se considère pas comme une personne handicapée. Souffrant d’une séquestration pulmonaire, « j’ai toujours vécu avec. Je me suis adapté pour faire en sorte d’avoir une vie la plus normale possible », confie-t-il. Entouré d’une équipe spécialisée dans l’audiovisuel, il aide à la production du cinéma indépendant et propose des services de location de matériels, de création d’accessoires et de décors. Souhaitant être indépendant dans son travail pour aménager son temps comme il le veut, David n’a de comptes à rendre qu’à lui-même. Ce qui lui convient tout à fait.
Vincent Fourdrinier, 46 ans, de Vallières-les-Grandes, a décidé de faire de son handicap une force. En 1997, suite à un accident de moto, le judoka de haut niveau a perdu l’usage de son bras droit. « J’étais droitier, il a fallu que je devienne gaucher. » Parti à l’étranger de 2006 à 2013 pour exercer son métier de designer industriel dans l’horlogerie, il est revenu en France pour y développer son projet. Sa société Eveia, née en 2018, conçoit des pédaliers connectés, une solution pour combattre la sédentarité.
« S’adapter en permanence »Pour concrétiser leurs rêves, les entrepreneurs ont pu prétendre à des soutiens. Au démarrage, Christelle a bénéficié de 5.000 € de l’Agefiph, d’une aide financière pour l’achat de matériel et d’un prêt à taux zéro d’Initiative Loir-et-Cher. Et pendant le premier confinement, elle a perçu 1.500 € de l’Agefiph. Comme beaucoup d’entreprises spécialisées dans l’événementiel, David s’est retrouvé sans activité à cause de la crise sanitaire. Alors, cet été, il a accompli des missions d’intérim. « Être entrepreneur nécessite de s’adapter en permanence. Je l’ai fait en modifiant mon offre de services. »
« Ces témoignages démontrent que la voie de l’entrepreneuriat peut parfois être plus facile pour certains travailleurs handicapés que la voie salariale », a conclu Émilie Marmion, responsable du Lab d’Agglopolys.

repères

Aides et réseau pour ces entrepreneurs

> Le Medef, l’Agefiph, Cap Emploi, Pôle emploi et BGE rappellent qu’ils sont aux côtés de tous les entrepreneurs en situation de handicap, pour démarrer un projet, mais aussi tout au long de la vie de l’entreprise. Si leur mission n’est pas forcément d’apporter une aide financière, ils peuvent partager leur réseau.
> En Loir-et-Cher, le taux d’employabilité des personnes en situation de handicap est de 5,04 % – l’obligation est de 6 %. Dans le département, parmi les 448 entreprises assujetties à cette obligation, 94 % entament des démarches positives, d’après l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), qui intervient dans le cadre d’une reprise ou d’une création d’entreprise par une personne handicapée. La crise sanitaire a aussi entraîné l’Agefiph à apporter un soutien à l’exploitation pour maintenir ou développer une nouvelle activité pour des entreprises de moins de dix salariés. L’association propose également un diagnostic de sortie de crise.
> BGE 41 rappelle qu’une entreprise accompagnée voit son taux de pérennité augmenter.

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