Souffrant d’une maladie rare et évolutive, Christelle Renault vit aujourd’hui dans un appartement inadapté à son handicap. Faute d’avoir trouvé avec son bailleur social une solution qui lui convienne, elle intente contre lui une action en référé.
« Carpe Diem » et « Mon petit coin de paradis ». Sur les murs de son appartement du quartier Beaujoire, à Nantes, Christelle Renault affiche son optimisme et son envie de croquer la vie à pleines dents. Une philosophie qui tranche avec ses conditions réelles d’existence. À 21 ans – elle en a aujourd’hui 20 de plus -, on lui diagnostique une maladie neurologique rare et évolutive. Elle est la seule en France, et ils ne sont qu’une trentaine dans le monde à connaître pareille situation.
Ses os se déforment peu à peu, au point de ne plus pouvoir se servir de son côté droit, bras et jambe. La très grande majorité du temps, elle se déplace donc grâce à son fauteuil roulant électrique, à la source de son problème d’habitat. À la mort de son père, en 2016, elle se met en quête d’un logement social. Le bailleur Atlantique Habitations lui propose un appartement neuf. « J’avais deux semaines pour accepter et je n’avais que les plans », raconte Christelle. « Dès qu’on a ouvert la porte, j’ai vu le mur. Ce n’était pas possible. Mais j’avais déjà signé le bail. »
Elle est obligée de ramper ! Il y a un côté avilissant
En raison de sa jambe tendue en permanence, la Nantaise a besoin d’espace pour effectuer des rotations avec son fauteuil. L’appartement en rez-de-chaussée est homologué pour personne à mobilité réduite (PMR), mais il n’est pas adapté à son handicap. Notamment pour se rendre aux toilettes ou dans sa salle de bains. « Elle est obligée de ramper ! Il y a un côté avilissant », souligne son avocate, Me Garance Lephilibert.
Elle dispose aussi d’une belle terrasse ensoleillée, mais une marche de 30 cm l’empêche d’y accéder. « On m’a proposé d’installer une rampe, mais ça occuperait la moitié de la pièce ! », fait remarquer la locataire. Pire, elle ne peut même pas sortir de son immeuble sans l’aide de quelqu’un – bien souvent sa mère. La faute à un ferme-porte mal placé.
Depuis quatre ans, elle sollicite donc Atlantique Habitations, et espère un autre logement. En vain. Elle estime que ceux qui lui sont présentés ne correspondent pas à son besoin. « J’en ai ras le bol, j’ai l’impression de demander la lune. Je ne sais plus quoi faire. Je vis dans un monde parallèle, fait pour les valides et par les valides. »
Avec son avocate, elle a donc décidé d’intenter une action en référé devant le président du tribunal judiciaire de Nantes. « Pour demander une condamnation sous astreinte de nous fournir un logement adapté », précise Garance Lephilibert. Une action que ne comprend pas Atlantique Habitations, qui gère 10 500 logements sociaux en Loire-Atlantique.
Trois propositions du bailleur
« Sa situation est dramatique, clairement. Même si c’est un logement neuf, je comprends très bien qu’elle ne se sente pas bien », répond Vincent Biraud, directeur général du bailleur social. Pour autant, ce dernier se dit surpris par la procédure judiciaire. « On lui a fait trois propositions, dont une à Sainte-Luce-sur-Loire (44). On a travaillé avec un ergothérapeute et la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). On proposait de changer la destination d’un espace de 45 m² pour l’adapter réellement. Mais elle a refusé le logement, elle trouvait que la surface n’était pas assez grande. Elle demande 70 m², c’est énorme ! On ne se voit pas proposer un logement de cette taille-là à une personne qui vit seule », explique le directeur général. Ce sera désormais au tribunal de Nantes de trancher.